Anthologie Nietzsche : Ainsi parlait Zarathoustra https://nietzsche.love/ en Nietzsche | Ce sont les paroles les plus silencieuses qui apportent la tempête. Ce sont les pensées qui viennent comme portées sur des pattes de colombes qui dirigent le monde https://nietzsche.love/anthologie/fr/0023 <span class="field field--name-title field--type-string field--label-hidden">Nietzsche | Ce sont les paroles les plus silencieuses qui apportent la tempête. Ce sont les pensées qui viennent comme portées sur des pattes de colombes qui dirigent le monde</span> <span class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/user/1" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">nietzschelove</span></span> <span class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">Wed, 09/01/2021 - 19:14</span> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-lientraductiontexte field--type-text field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center">Traduction française par Henri Albert</p> <p class="text-align-center"><a href="#texteallemand">Texte allemand</a> | <a href="#sources">Sources</a></p> <p class="text-align-center">*</p></div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/45">Et je répondis</a> : « Ma parole n’a pas encore déplacé de montagnes et ce que j’ai dit n’a pas atteint les hommes. Il est vrai que je suis allé chez les hommes, mais je ne les ai pas encore atteints. »</p> <p class="text-align-justify">Alors l’Autre reprit sans voix : « Qu’en sais-tu ? La rosée tombe sur l’herbe au moment le plus silencieux de la nuit. » —</p> <p class="text-align-justify">Et je répondis : « Ils se sont moqués de moi lorsque j’ai découvert et suivi ma propre voie ; et en vérité mes pieds tremblaient alors. »</p> <p class="text-align-justify">Et ils m’ont dit ceci : tu ne sais plus le chemin, et maintenant tu ne sais même plus marcher ! »</p> <p class="text-align-justify">Alors l’Autre reprit sans voix : « Qu’importent leurs moqueries ! Tu es quelqu’un qui a désappris d’obéir : maintenant tu dois commander.</p> <p class="text-align-justify">Ne sais-tu pas quel est celui dont tous ont le plus besoin ? Celui qui ordonne de grandes choses.</p> <p class="text-align-justify">Accomplir de grandes choses est difficile : plus difficile encore d’ordonner de grandes choses.</p> <p class="text-align-justify">Et voici ta faute la plus impardonnable : tu as la puissance et tu ne veux pas régner. »</p> <p class="text-align-justify">Et je répondis : « il me manque la voix du lion pour commander. »</p> <p class="text-align-justify">Alors l’Autre me dit encore comme en un murmure : « Ce sont les paroles les plus silencieuses qui apportent la tempête. Ce sont les pensées qui viennent comme portées sur des pattes de colombes qui dirigent le monde.</p> <p class="text-align-justify">Ô Zarathoustra, tu dois aller comme le fantôme de ce qui viendra un jour ; ainsi tu commanderas et, en commandant, tu iras de l’avant. » —</p> <p class="text-align-justify">Et je répondis : « J’ai honte. »</p> <p class="text-align-justify">Alors l’Autre me dit de nouveau sans voix : « Il te faut redevenir enfant et sans honte.</p> <p class="text-align-justify">L’orgueil de la jeunesse est encore sur toi, tu es devenu jeune sur le tard : mais celui qui veut devenir enfant doit surmonter aussi sa jeunesse. » —</p> <p class="text-align-justify">Et je réfléchis longtemps en tremblant. Enfin je répétai ma première réponse : « Je ne veux pas ! »</p> <p class="text-align-justify">Alors il se fit autour de moi comme un éclat de rire. Hélas ! que ce rire me déchirait les entrailles et me fendait le coeur !</p> <p class="text-align-justify">Et une dernière fois l’Autre me dit : « Ô Zarathoustra, tes fruits sont mûrs, mais toi tu n’es pas mûr encore pour tes fruits !</p> <p class="text-align-justify">Il te faut donc retourner à la solitude, afin que ta dureté s’amollisse davantage. » —</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-texteallemand field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="texteallemand" name="texteallemand"></a>***</p> <p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/de/z/45">Und ich antwortete</a>: „Noch versetzte mein Wort keine Berge, und was ich redete, erreichte die Menschen nicht. Ich gieng wohl zu den Menschen, aber noch langte ich nicht bei ihnen an.“</p> <p class="text-align-justify">Da sprach es wieder ohne Stimme zu mir: „Was weisst du davon! Der Thau fällt auf das Gras, wenn die Nacht am verschwiegensten ist.“ —</p> <p class="text-align-justify">Und ich antwortete: „sie verspotteten mich, als ich meinen eigenen Weg fand und gieng; und in Wahrheit zitterten damals meine Füsse.</p> <p class="text-align-justify">Und so sprachen sie zu mir: du verlerntest den Weg, nun verlernst du auch das Gehen!“</p> <p class="text-align-justify">Da sprach es wieder ohne Stimme zu mir: „Was liegt an ihrem Spotte! Du bist Einer, der das Gehorchen verlernt hat: nun sollst du befehlen!</p> <p class="text-align-justify">Weisst du nicht, wer Allen am nöthigsten thut? Der Grosses befiehlt.</p> <p class="text-align-justify">Grosses vollführen ist schwer: aber das Schwerere ist, Grosses befehlen.</p> <p class="text-align-justify">Das ist dein Unverzeihlichstes: du hast die Macht, und du willst nicht herrschen.“ —</p> <p class="text-align-justify">Und ich antwortete: „Mir fehlt des Löwen Stimme zu allem Befehlen.“</p> <p class="text-align-justify">Da sprach es wieder wie ein Flüstern zu mir: „Die stillsten Worte sind es, welche den Sturm bringen. Gedanken, die mit Taubenfüssen kommen, lenken die Welt.</p> <p class="text-align-justify">Oh Zarathustra, du sollst gehen als ein Schatten dessen, was kommen muss: so wirst du befehlen und befehlend vorangehen.“ —</p> <p class="text-align-justify">Und ich antwortete: „Ich schäme mich.“</p> <p class="text-align-justify">Da sprach es wieder ohne Stimme zu mir: „Du musst noch Kind werden und ohne Scham.</p> <p class="text-align-justify">Der Stolz der Jugend ist noch auf dir, spät bist du jung geworden: aber wer zum Kinde werden will, muss auch noch seine Jugend überwinden.“ —</p> <p class="text-align-justify">Und ich besann mich lange und zitterte. Endlich aber sagte ich, was ich zuerst sagte: „Ich will nicht.“</p> <p class="text-align-justify">Da geschah ein Lachen um mich. Wehe, wie diess Lachen mir die Eingeweide zerriss und das Herz aufschlitzte!</p> <p class="text-align-justify">Und es sprach zum letzten Male zu mir: „Oh Zarathustra, deine Früchte sind reif, aber du bist nicht reif für deine Früchte!</p> <p class="text-align-justify">So musst du wieder in die Einsamkeit: denn du sollst noch mürbe werden.“ —</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-notesdusite field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="sources" name="sources"></a>*****</p> <p class="text-align-center"><strong>SOURCES</strong></p> <p class="text-align-center"><strong>Traduction française</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/45"><em>Ainsi parlait Zarathoustra, 45, L’heure la plus silencieuse</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>Texte allemand</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/de/z/45"><em>Also sprach Zarathustra, 45, Die stillste Stunde</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>*****</strong></p> </div> <div class="field field--name-field-buchterm field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/buch/2" hreflang="en">Anthologie Nietzsche : Ainsi parlait Zarathoustra</a></div> </div> Wed, 01 Sep 2021 19:14:18 +0000 nietzschelove 461 at https://nietzsche.love Nietzsche | je ménage les vaniteux plus que les fiers. La vanité blessée n’est-elle pas mère de toutes les tragédies ? Mais où la fierté est blessée, croît quelque chose de meilleur qu’elle https://nietzsche.love/anthologie/fr/0022 <span class="field field--name-title field--type-string field--label-hidden">Nietzsche | je ménage les vaniteux plus que les fiers. La vanité blessée n’est-elle pas mère de toutes les tragédies ? Mais où la fierté est blessée, croît quelque chose de meilleur qu’elle</span> <span class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/user/1" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">nietzschelove</span></span> <span class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">Wed, 09/01/2021 - 19:00</span> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-lientraductiontexte field--type-text field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center">Traduction française par Henri Albert</p> <p class="text-align-center"><a href="#texteallemand">Texte allemand</a> | <a href="#sources">Sources</a></p> <p class="text-align-center">*</p></div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/44">Cependant ceci est mon autre sagesse humaine</a> : je ménage les vaniteux plus que les fiers.</p> <p class="text-align-justify">La vanité blessée n’est-elle pas mère de toutes les tragédies ? Mais où la fierté est blessée, croît quelque chose de meilleur qu’elle.</p> <p class="text-align-justify">Pour que la vie soit bonne à regarder il faut que son jeu soit bien joué : mais pour cela il faut de bons acteurs.</p> <p class="text-align-justify">J’ai trouvé bons acteurs tous les vaniteux : ils jouent et veulent qu’on aime à les regarder, — tout leur esprit est dans cette volonté.</p> <p class="text-align-justify">Ils se représentent, ils s’inventent ; auprès d’eux j’aime à regarder la vie, — ainsi se guérit la mélancolie.</p> <p class="text-align-justify">C’est pourquoi je ménage les vaniteux, puisqu’ils sont les médecins de ma mélancolie, et puisqu’ils m’attachent à l’homme comme à un spectacle.</p> <p class="text-align-justify">Et puis : qui mesure dans toute sa profondeur la modestie du vaniteux ! Je veux du bien au vaniteux et j’ai pitié de lui à cause de sa modestie.</p> <p class="text-align-justify">C’est de vous qu’il veut apprendre la foi en soi-même ; il se nourrit de vos regards, c’est dans votre main qu’il cueille l’éloge.</p> <p class="text-align-justify">Il aime à croire en vos mensonges, dès que vous mentez bien sur son compte : car au fond de son coeur il soupire : « Que suis-je ? »</p> <p class="text-align-justify">Et si la vraie vertu est celle qui ne sait rien d’elle-même, eh bien ! le vaniteux ne sait rien de sa modestie ! —</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-texteallemand field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="texteallemand" name="texteallemand"></a>***</p> <p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/de/z/44">Diess aber ist meine andre Menschen-Klugheit</a>: ich schone die Eitlen mehr als die Stolzen.</p> <p class="text-align-justify">Ist nicht verletzte Eitelkeit die Mutter aller Trauerspiele? Wo aber Stolz verletzt wird, da wächst wohl etwas Besseres noch, als Stolz ist.</p> <p class="text-align-justify">Damit das Leben gut anzuschaun sei, muss sein Spiel gut gespielt werden: dazu aber bedarf es guter Schauspieler.</p> <p class="text-align-justify">Gute Schauspieler fand ich alle Eitlen: sie spielen und wollen, dass ihnen gern zugeschaut werde, — all ihr Geist ist bei diesem Willen.</p> <p class="text-align-justify">Sie führen sich auf, sie erfinden sich; in ihrer Nähe liebe ich’s, dem Leben zuzuschaun, — es heilt von der Schwermuth.</p> <p class="text-align-justify">Darum schone ich die Eitlen, weil sie mir Ärzte sind meiner Schwermuth und mich am Menschen fest halten als an einem Schauspiele.</p> <p class="text-align-justify">Und dann: wer ermisst am Eitlen die ganze Tiefe seiner Bescheidenheit! Ich bin ihm gut und mitleidig ob seiner Bescheidenheit.</p> <p class="text-align-justify">Von euch will er seinen Glauben an sich lernen; er nährt sich an euren Blicken, er frisst das Lob aus euren Händen.</p> <p class="text-align-justify">Euren Lügen glaubt er noch, wenn ihr gut über ihn lügt: denn im Tiefsten seufzt sein Herz: „was bin ich!“</p> <p class="text-align-justify">Und wenn das die rechte Tugend ist, die nicht um sich selber weiss: nun, der Eitle weiss nicht um seine Bescheidenheit! —</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-notesdusite field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="sources" name="sources"></a>*****</p> <p class="text-align-center"><strong>SOURCES</strong></p> <p class="text-align-center"><strong>Traduction française</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/44"><em>Ainsi parlait Zarathoustra, 44, De la sagesse des hommes</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>Texte allemand</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/de/z/44"><em>Also sprach Zarathustra, 44, Von der Menschen-Klugheit</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>*****</strong></p> </div> <div class="field field--name-field-buchterm field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/buch/2" hreflang="en">Anthologie Nietzsche : Ainsi parlait Zarathoustra</a></div> </div> Wed, 01 Sep 2021 19:00:14 +0000 nietzschelove 460 at https://nietzsche.love Nietzsche | Mais il faut plus de courage pour faire une fin, qu’un vers nouveau : c’est ce que savent tous les médecins et tous les poètes https://nietzsche.love/anthologie/fr/0020 <span class="field field--name-title field--type-string field--label-hidden">Nietzsche | Mais il faut plus de courage pour faire une fin, qu’un vers nouveau : c’est ce que savent tous les médecins et tous les poètes</span> <span class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/user/1" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">nietzschelove</span></span> <span class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">Wed, 09/01/2021 - 12:07</span> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-lientraductiontexte field--type-text field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center">Traduction française par Henri Albert</p> <p class="text-align-center"><a href="#texteallemand">Texte allemand</a> | <a href="#sources">Sources</a></p> <p class="text-align-center">*</p></div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/57">Mais il faut plus de courage</a> pour faire une fin, qu’un vers nouveau : c’est ce que savent tous les médecins et tous les poètes. —</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-texteallemand field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="texteallemand" name="texteallemand"></a>***</p> <p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/de/z/57">Aber es gehört mehr Muth dazu</a>, ein Ende zu machen, als einen neuen Vers: das wissen alle Ärzte und Dichter. —</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-notesdusite field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="sources" name="sources"></a>*****</p> <p class="text-align-center"><strong>SOURCES</strong></p> <p class="text-align-center"><strong>Traduction française</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/57"><em>Ainsi parlait Zarathoustra, 57, Des vieilles et des nouvelles tables</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>Texte allemand</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/de/z/57"><em>Also sprach Zarathustra, 57, Von alten und neuen Tafeln</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>*****</strong></p> </div> <div class="field field--name-field-buchterm field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/buch/2" hreflang="en">Anthologie Nietzsche : Ainsi parlait Zarathoustra</a></div> </div> Wed, 01 Sep 2021 12:07:33 +0000 nietzschelove 459 at https://nietzsche.love Nietzsche | Car il faut que l’homme soit sauvé de la vengeance : ceci est pour moi le pont qui mène aux plus hauts espoirs / méfiez-vous de tous ceux dont l’instinct de punir est puissant https://nietzsche.love/anthologie/fr/0016 <span class="field field--name-title field--type-string field--label-hidden">Nietzsche | Car il faut que l’homme soit sauvé de la vengeance : ceci est pour moi le pont qui mène aux plus hauts espoirs / méfiez-vous de tous ceux dont l’instinct de punir est puissant</span> <span class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/user/1" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">nietzschelove</span></span> <span class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">Tue, 08/17/2021 - 19:06</span> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-lientraductiontexte field--type-text field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center">Traduction française par Henri Albert</p> <p class="text-align-center"><a href="#texteallemand">Texte allemand</a> | <a href="#sources">Sources</a></p> <p class="text-align-center">*</p></div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/30">Car il faut que l’homme soit sauvé de la vengeance</a> : ceci est pour moi le pont qui mène aux plus hauts espoirs. C’est un arc-en-ciel après de longs orages.</p> <p class="text-align-center">(...)</p> <p class="text-align-justify">Voici cependant le conseil que je vous donne, mes amis, méfiez-vous de tous ceux dont l’instinct de punir est puissant !</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-texteallemand field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="texteallemand" name="texteallemand"></a>***</p> <p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/de/z/30">Denn dass der Mensch erlöst</a> werde von der Rache: das ist mir die Brücke zur höchsten Hoffnung und ein Regenbogen nach langen Unwettern.</p> <p class="text-align-center">(...)</p> <p class="text-align-justify">Also aber rathe ich euch, meine Freunde: misstraut Allen, in welchen der Trieb, zu strafen, mächtig ist!</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-notesdusite field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="sources" name="sources"></a>***</p> <p class="text-align-center"><strong>SOURCES</strong></p> <p class="text-align-center"><strong>Traduction française</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/30"><em>Ainsi parlait Zarathoustra, 30, Des tarentules</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>Texte allemand</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/de/z/30"><em>Also sprach Zarathustra, 30, Von den Taranteln</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>***</strong></p> </div> <div class="field field--name-field-buchterm field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/buch/2" hreflang="en">Anthologie Nietzsche : Ainsi parlait Zarathoustra</a></div> </div> Tue, 17 Aug 2021 19:06:32 +0000 nietzschelove 415 at https://nietzsche.love Nietzsche | Mais moi je suis de ceux qui donnent : j’aime à donner, en ami, aux amis. Pourtant que les étrangers et les pauvres cueillent eux-mêmes le fruit de mon arbre : cela est moins humiliant pour eux https://nietzsche.love/anthologie/fr/0015 <span class="field field--name-title field--type-string field--label-hidden">Nietzsche | Mais moi je suis de ceux qui donnent : j’aime à donner, en ami, aux amis. Pourtant que les étrangers et les pauvres cueillent eux-mêmes le fruit de mon arbre : cela est moins humiliant pour eux</span> <span class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/user/1" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">nietzschelove</span></span> <span class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">Tue, 08/17/2021 - 07:52</span> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-lientraductiontexte field--type-text field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center">Traduction française par Henri Albert</p> <p class="text-align-center"><a href="#texteallemand">Texte allemand</a> | <a href="#sources">Sources</a></p> <p class="text-align-center">*</p></div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/26">De grandes obligations</a> ne rendent pas reconnaissant, mais vindicatif ; et si l’on n’oublie pas le petit bienfait, il finit par devenir un ver rongeur.</p> <p class="text-align-justify">« N’acceptez qu’avec réserve ! Distinguez en prenant ! » —c’est ce que je conseille à ceux qui n’ont rien à donner.</p> <p class="text-align-justify">Mais moi je suis de ceux qui donnent : j’aime à donner, en ami, aux amis. Pourtant que les étrangers et les pauvres cueillent eux-mêmes le fruit de mon arbre : cela est moins humiliant pour eux.</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-texteallemand field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="texteallemand" name="texteallemand"></a>***</p> <p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/de/z/26">Grosse Verbindlichkeiten</a> machen nicht dankbar, sondern rachsüchtig; und wenn die kleine Wohlthat nicht vergessen wird, so wird noch ein Nage-Wurm daraus.</p> <p class="text-align-justify">„Seid spröde im Annehmen! Zeichnet aus damit, dass ihr annehmt!“ — also rathe ich Denen, die Nichts zu verschenken haben.</p> <p class="text-align-justify">Ich aber bin ein Schenkender: gerne schenke ich, als Freund den Freunden. Fremde aber und Arme mögen sich die Frucht selber von meinem Baume pflücken: so beschämt es weniger.</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-notesdusite field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="sources" name="sources"></a>***</p> <p class="text-align-center"><strong>SOURCES</strong></p> <p class="text-align-center"><strong>Traduction française</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/26"><em>Ainsi parlait Zarathoustra, 26, Des miséricordieux</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>Texte allemand</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/de/z/26"><em>Also sprach Zarathustra, 26, Von den Mitleidigen</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>***</strong></p> </div> <div class="field field--name-field-buchterm field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/buch/2" hreflang="en">Anthologie Nietzsche : Ainsi parlait Zarathoustra</a></div> </div> Tue, 17 Aug 2021 07:52:02 +0000 nietzschelove 414 at https://nietzsche.love Nietzsche | Le courage est le meilleur des meurtriers : il finira par tuer la mort, car il dit : « Comment ? était-ce là la vie ? Allons ! Recommençons encore une fois ! » https://nietzsche.love/anthologie/fr/0014 <span class="field field--name-title field--type-string field--label-hidden">Nietzsche | Le courage est le meilleur des meurtriers : il finira par tuer la mort, car il dit : « Comment ? était-ce là la vie ? Allons ! Recommençons encore une fois ! »</span> <span class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/user/1" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">nietzschelove</span></span> <span class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">Sun, 08/15/2021 - 07:33</span> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-lientraductiontexte field--type-text field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center">Traduction française par Henri Albert</p> <p class="text-align-center"><a href="#texteallemand">Texte allemand</a> | <a href="#sources">Sources</a></p> <p class="text-align-center">*</p></div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/47">Je montai, je montai davantage</a>, en rêvant et en pensant, — mais tout m’oppressait. Je ressemblais à un malade que fatigue l’âpreté de sa souffrance, et qu’un cauchemar réveille de son premier sommeil. —</p> <p class="text-align-justify">Mais il y a quelque chose en moi que j’appelle courage : c’est ce qui a fait taire jusqu’à présent en moi tout mouvement d’humeur. Ce courage me fit enfin m’arrêter et dire : « Nain ! L’un de nous deux doit disparaître, toi, ou bien moi ! » —</p> <p class="text-align-justify">Car le courage est le meilleur meurtrier, — le courage qui attaque : car dans toute attaque il y a une fanfare.</p> <p class="text-align-justify">L’homme cependant est la bête la plus courageuse, c’est ainsi qu’il a vaincu toutes les bêtes. Au son de la fanfare, il a surmonté toutes les douleurs ; mais la douleur humaine est la plus profonde douleur.</p> <p class="text-align-justify">Le courage tue aussi le vertige au bord des abîmes : et où l’homme ne serait-il pas au bord des abîmes ? Ne suffit-il pas de regarder — pour regarder des abîmes ?</p> <p class="text-align-justify">Le courage est le meilleur des meurtriers : le courage tue aussi la pitié. Et la pitié est l’abîme le plus profond : l’homme voit au fond de la souffrance, aussi profondément qu’il voit au fond de la vie.</p> <p class="text-align-justify">Le courage cependant est le meilleur des meurtriers, le courage qui attaque : il finira par tuer la mort, car il dit : « Comment ? était-ce là la vie ? Allons ! Recommençons encore une fois ! »</p> <p class="text-align-justify">Dans une telle maxime, il y a beaucoup de fanfare. Que celui qui a des oreilles entende. —</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-texteallemand field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="texteallemand" name="texteallemand"></a>***</p> <p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/de/z/47">Ich stieg, ich stieg</a>, ich träumte, ich dachte, — aber Alles drückte mich. Einem Kranken glich ich, den seine schlimme Marter müde macht, und den wieder ein schlimmerer Traum aus dem Einschlafen weckt. —</p> <p class="text-align-justify">Aber es giebt Etwas in mir, das ich Muth heisse: das schlug bisher mir jeden Unmuth todt. Dieser Muth hiess mich endlich stille stehn und sprechen: „Zwerg! Du! Oder ich!“ —</p> <p class="text-align-justify">Muth nämlich ist der beste Todtschläger, — Muth, welcher angreift: denn in jedem Angriffe ist klingendes Spiel.</p> <p class="text-align-justify">Der Mensch aber ist das muthigste Thier: damit überwand er jedes Thier. Mit klingendem Spiele überwand er noch jeden Schmerz; Menschen-Schmerz aber ist der tiefste Schmerz.</p> <p class="text-align-justify">Der Muth schlägt auch den Schwindel todt an Abgründen: und wo stünde der Mensch nicht an Abgründen! Ist Sehen nicht selber — Abgründe sehen?</p> <p class="text-align-justify">Muth ist der beste Todtschläger: der Muth schlägt auch das Mitleiden todt. Mitleiden aber ist der tiefste Abgrund: so tief der Mensch in das Leben sieht, so tief sieht er auch in das Leiden.</p> <p class="text-align-justify">Muth aber ist der beste Todtschläger, Muth, der angreift: der schlägt noch den Tod todt, denn er spricht: „War das das Leben? Wohlan! Noch Ein Mal!“</p> <p class="text-align-justify">In solchem Spruche aber ist viel klingendes Spiel. Wer Ohren hat, der höre. —</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-notesdusite field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="sources" name="sources"></a>***</p> <p class="text-align-center"><strong>SOURCES</strong></p> <p class="text-align-center"><strong>Traduction française</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/47"><em>Ainsi parlait Zarathoustra, 47, De la vision et de l'énigme</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>Texte allemand</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/de/z/47"><em>Also sprach Zarathustra, 47, Von Gesicht und Räthsel</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>***</strong></p> </div> <div class="field field--name-field-buchterm field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/buch/2" hreflang="en">Anthologie Nietzsche : Ainsi parlait Zarathoustra</a></div> </div> Sun, 15 Aug 2021 07:33:18 +0000 nietzschelove 411 at https://nietzsche.love Nietzsche | Garde-toi qu’une foi étroite ne finisse par s’emparer de toi, une illusion dure et sévère ! Car désormais tu es séduit et tenté par tout ce qui est étroit et solide https://nietzsche.love/anthologie/fr/0013 <span class="field field--name-title field--type-string field--label-hidden">Nietzsche | Garde-toi qu’une foi étroite ne finisse par s’emparer de toi, une illusion dure et sévère ! Car désormais tu es séduit et tenté par tout ce qui est étroit et solide</span> <span class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/user/1" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">nietzschelove</span></span> <span class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">Sat, 08/14/2021 - 17:47</span> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-lientraductiontexte field--type-text field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center">Traduction française par Henri Albert</p> <p class="text-align-center"><a href="#texteallemand">Texte allemand</a> | <a href="#sources">Sources</a></p> <p class="text-align-center">*</p></div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p class="text-align-justify">« <a href="https://nietzsche.love/fr/z/70">Qui es-tu ?</a> demanda impétueusement Zarathoustra. Que fais-tu ici ? Et pourquoi t’appelles-tu mon ombre ? Tu ne me plais pas. »</p> <p class="text-align-justify">« Pardonne-moi, répondit l’ombre, que ce soit moi ; et si je ne te plais pas, eh bien, ô Zarathoustra ! je t’en félicite et je loue ton bon goût.</p> <p class="text-align-justify">Je suis un voyageur, depuis longtemps déjà attaché à tes talons : toujours en route, mais sans but, et aussi sans demeure : en sorte qu’il ne me manque que peu de chose pour être l’éternel juif errant, si ce n’est que je ne suis ni juif, ni éternel.</p> <p class="text-align-justify">Eh quoi ! Faut-il donc que je sois toujours en route ? toujours instable, entraîné par le tourbillon de tous les vents ? Ô terre, tu devins pour moi trop ronde !</p> <p class="text-align-justify">Je me suis posé déjà sur toutes les surface ; pareil à de la poussière fatiguée, je me suis endormi sur les glaces et les vitres. Tout me prend de ma substance, nul ne me donne rien, je me fais mince, — peu s’en faut que je ne sois comme une ombre.</p> <p class="text-align-justify">Mais c’est toi, ô Zarathoustra, que j’ai le plus longtemps suivi et poursuivi, et, quoique je me sois caché de toi, je n’en étais pas moins ton ombre la plus fidèle : partout où tu te posais je me posais aussi.</p> <p class="text-align-justify">À ta suite j’ai erré dans les mondes les plus lointains et les plus froids, semblable à un fantôme qui se plait à courir sur les toits blanchis par l’hiver et sur la neige.</p> <p class="text-align-justify">À ta suite j’ai aspiré à tout ce qu’il y a de défendu, de mauvais et de plus lointain : et s’il est en moi quelque vertu, c’est que je n’ai jamais redouté aucune défense.</p> <p class="text-align-justify">À ta suite j’ai brisé ce que jamais mon coeur a adoré, j’ai renversé toutes les bornes et toutes les images, courant après les désirs les plus dangereux, — en vérité, j’ai passé une fois sur tous les crimes.</p> <p class="text-align-justify">À ta suite j’ai perdu la foi en les mots, les valeurs consacrées et les grands noms ! Quand le diable change de peau, ne jette-t-il pas en même temps son nom ? Car ce nom aussi n’est qu’une peau. Le diable lui-même n’est peut-être — qu’une peau.</p> <p class="text-align-justify">« Rien n’est vrai, tout est permis » : ainsi disais-je pour me stimuler. Je me suis jeté, coeur et tête, dans les eaux les plus glacées. Hélas ! combien de fois suis-je sorti d’une pareille aventure nu, rouge comme une écrevisse !</p> <p class="text-align-justify">Hélas ! qu’ai je fait de toute bonté, de toute pudeur, et de toute foi en les bons ! Hélas ! où est cette innocence mensongère que je possédais jadis, l’innocence des bons et de leurs nobles mensonges !</p> <p class="text-align-justify">Trop souvent, vraiment, j’ai suivi la vérité sur les talons : alors elle me frappait au visage. Quelquefois je croyais mentir, et voici, c’est alors seulement que je touchais — à la vérité.</p> <p class="text-align-justify">Trop de choses sont à présent claires pour moi, c’est pourquoi rien ne m’est plus. Rien ne vit plus de ce que j’aime, — comment saurais-je m’aimer encore moi-même ?</p> <p class="text-align-justify">« Vivre selon mon bon plaisir, ou ne pas vivre du tout » : c’est là ce que je veux, c’est ce que veut aussi le plus saint. Mais, hélas ! comment y aurait-il encore pour moi un plaisir ?</p> <p class="text-align-justify">Y a-t-il encore pour moi — un but ? Un port où s’élance ma voile ?</p> <p class="text-align-justify">Un bon vent ? Hélas ! celui-là seul qui sait où il va, sait aussi quel est pour lui le bon vent, le vent propice.</p> <p class="text-align-justify">Que m’est il resté ? Un coeur fatigué et impudent ; une volonté instable ; des ailes bonnes pour voleter ; une épine dorsale brisée.</p> <p class="text-align-justify">Cette recherche de ma demeure : ô Zarathoustra, le sais-tu bien, cette recherche a été ma cruelle épreuve, elle me dévore.</p> <p class="text-align-justify">« Où est ma demeure ? » C’est elle que je demande, que je cherche, que j’ai cherchée, elle que je n’ai pas trouvée. Ô éternel partout, ô éternel nulle part, ô éternel — en vain ! »</p> <p class="text-align-justify">Ainsi parlait l’ombre ; et le visage de Zarathoustra s’allongeait à ses paroles. « Tu es mon ombre ! » dit-il enfin avec tristesse.</p> <p class="text-align-justify">Ce n’est pas un mince péril que tu cours, esprit libre et voyageur ! Tu as eu un mauvais jour : prends garde à ce qu’il ne soit pas suivi d’un plus mauvais soir !</p> <p class="text-align-justify">Des vagabonds comme toi finissent par se sentir bienheureux même dans une prison. As-tu jamais vu comment dorment les criminels en prison ? Ils dorment en paix, ils jouissent de leur sécurité nouvelle.</p> <p class="text-align-justify">Garde-toi qu’une foi étroite ne finisse par s’emparer de toi, une illusion dure et sévère ! Car désormais tu es séduit et tenté par tout ce qui est étroit et solide.</p> <p class="text-align-justify">Tu as perdu le but : hélas ! comment pourrais-tu te désoler ou te consoler de cette perte ? N’as-tu pas ainsi perdu aussi — ton chemin ?</p> <p class="text-align-justify">Pauvre ombre errante, esprit volage, papillon fatigué ! veux-tu avoir ce soir un repos et un asile ? Monte vers ma caverne !</p> <p class="text-align-justify">C’est là-haut que monte le chemin qui mène à ma caverne. Et maintenant je veux bien vite m’enfuir loin de toi. Déjà je sens comme une ombre peser sur moi.</p> <p class="text-align-justify">Je veux courir seul, pour qu’il fasse de nouveau clair autour de moi. C’est pourquoi il me faut encore gaiement jouer des jambes. Pourtant ce soir — on dansera chez moi ! » — —</p> <p class="text-align-justify">Ainsi parlait Zarathoustra.</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-texteallemand field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="texteallemand" name="texteallemand"></a>***</p> <p class="text-align-justify">„<a href="https://nietzsche.love/de/z/70">Wer bist du?</a> fragte Zarathustra heftig, was treibst du hier? Und wesshalb heissest du dich meinen Schatten? Du gefällst mir nicht.“</p> <p class="text-align-justify">„Vergieb mir, antwortete der Schatten, dass ich’s bin; und wenn ich dir nicht gefalle, wohlan, oh Zarathustra! darin lobe ich dich und deinen guten Geschmack.</p> <p class="text-align-justify">Ein Wanderer bin ich, der viel schon hinter deinen Fersen her gieng: immer unterwegs, aber ohne Ziel, auch ohne Heim: also dass mir wahrlich wenig zum ewigen Juden fehlt, es sei denn, dass ich nicht ewig, und auch nicht Jude bin.</p> <p class="text-align-justify">Wie? Muss ich immerdar unterwegs sein? Von jedem Winde gewirbelt, unstät, fortgetrieben? Oh Erde, du wardst mir zu rund!</p> <p class="text-align-justify">Auf jeder Oberfläche sass ich schon, gleich müdem Staube schlief ich ein auf Spiegeln und Fensterscheiben: Alles nimmt von mir, Nichts giebt, ich werde dünn, — fast gleiche ich einem Schatten.</p> <p class="text-align-justify">Dir aber, oh Zarathustra, flog und zog ich am längsten nach, und, verbarg ich mich schon vor dir, so war ich doch dein bester Schatten: wo du nur gesessen hast, sass ich auch.</p> <p class="text-align-justify">Mit dir bin ich in fernsten, kältesten Welten umgegangen, einem Gespenste gleich, das freiwillig über Winterdächer und Schnee läuft.</p> <p class="text-align-justify">Mit dir strebte ich in jedes Verbotene, Schlimmste, Fernste: und wenn irgend Etwas an mir Tugend ist, so ist es, dass ich vor keinem Verbote Furcht hatte.</p> <p class="text-align-justify">Mit dir zerbrach ich, was je mein Herz verehrte, alle Grenzsteine und Bilder warf ich um, den gefährlichsten Wünschen lief ich nach, — wahrlich, über jedwedes Verbrechen lief ich einmal hinweg.</p> <p class="text-align-justify">Mit dir verlernte ich den Glauben an Worte und Werthe und grosse Namen. Wenn der Teufel sich häutet, fällt da nicht auch sein Name ab? Der ist nämlich auch Haut. Der Teufel selber ist vielleicht — Haut.</p> <p class="text-align-justify">„Nichts ist wahr, Alles ist erlaubt“: so sprach ich mir zu. In die kältesten Wasser stürzte ich mich, mit Kopf und Herzen. Ach, wie oft stand ich darob nackt als rother Krebs da!</p> <p class="text-align-justify">Ach, wohin kam mir alles Gute und alle Scham und aller Glaube an die Guten! Ach, wohin ist jene verlogne Unschuld, die ich einst besass, die Unschuld der Guten und ihrer edlen Lügen!</p> <p class="text-align-justify">Zu oft, wahrlich, folgte ich der Wahrheit dicht auf dem Fusse: da trat sie mir vor den Kopf. Manchmal meinte ich zu lügen, und siehe! da erst traf ich — die Wahrheit.</p> <p class="text-align-justify">Zu Viel klärte sich mir auf: nun geht es mich Nichts mehr an. Nichts lebt mehr, das ich liebe, — wie sollte ich noch mich selber lieben?</p> <p class="text-align-justify">„Leben, wie ich Lust habe, oder gar nicht leben“: so will ich’s, so will’s auch der Heiligste. Aber, wehe! wie habe ich noch — Lust?</p> <p class="text-align-justify">Habe ich — noch ein Ziel? Einen Hafen, nach dem mein Segel läuft?</p> <p class="text-align-justify">Einen guten Wind? Ach, nur wer weiss, wohin er fährt, weiss auch, welcher Wind gut und sein Fahrwind ist.</p> <p class="text-align-justify">Was blieb mir noch zurück? Ein Herz müde und frech; ein unstäter Wille; Flatter-Flügel; ein zerbrochnes Rückgrat.</p> <p class="text-align-justify">Diess Suchen nach meinem Heim: oh Zarathustra, weisst du wohl, diess Suchen war meine Heimsuchung, es frisst mich auf.</p> <p class="text-align-justify">„Wo ist — mein Heim?“ Darnach frage und suche und suchte ich, das fand ich nicht. Oh ewiges Überall, oh ewiges Nirgendswo, oh ewiges — Umsonst!“</p> <p class="text-align-justify"><br /> Also sprach der Schatten, und Zarathustra’s Gesicht verlängerte sich bei seinen Worten. „Du bist mein Schatten! sagte er endlich, mit Traurigkeit.</p> <p class="text-align-justify">Deine Gefahr ist keine kleine, du freier Geist und Wanderer! Du hast einen schlimmen Tag gehabt: sieh zu, dass dir nicht noch ein schlimmerer Abend kommt!</p> <p class="text-align-justify">Solchen Unstäten, wie du, dünkt zuletzt auch ein Gefängniss selig. Sahst du je, wie eingefangne Verbrecher schlafen? Sie schlafen ruhig, sie geniessen ihre neue Sicherheit.</p> <p class="text-align-justify">Hüte dich, dass dich nicht am Ende noch ein enger Glaube einfängt, ein harter, strenger Wahn! Dich nämlich verführt und versucht nunmehr Jegliches, das eng und fest ist.</p> <p class="text-align-justify">Du hast das Ziel verloren: wehe, wie wirst du diesen Verlust verscherzen und verschmerzen? Damit — hast du auch den Weg verloren!</p> <p class="text-align-justify">Du armer Schweifender, Schwärmender, du müder Schmetterling! willst du diesen Abend eine Rast und Heimstätte haben? So gehe hinauf zu meiner Höhle!</p> <p class="text-align-justify">Dorthin führt der Weg zu meiner Höhle. Und jetzo will ich schnell wieder von dir davonlaufen. Schon liegt es wie ein Schatten auf mir.</p> <p class="text-align-justify">Ich will allein laufen, dass es wieder hell um mich werde. Dazu muss ich noch lange lustig auf den Beinen sein. Des Abends aber wird bei mir — getanzt!“ — —</p> <p class="text-align-justify">Also sprach Zarathustra.</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-notesdusite field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="sources" name="sources"></a>***</p> <p class="text-align-center"><strong>SOURCES</strong></p> <p class="text-align-center"><strong>Traduction française</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/70"><em>Ainsi parlait Zarathoustra, 70, L'ombre</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>Texte allemand</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/de/z/70"><em>Also sprach Zarathustra, 70, Der Schatten</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>***</strong></p> </div> <div class="field field--name-field-buchterm field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/buch/2" hreflang="en">Anthologie Nietzsche : Ainsi parlait Zarathoustra</a></div> </div> Sat, 14 Aug 2021 17:47:32 +0000 nietzschelove 407 at https://nietzsche.love Nietzsche | Je ne suis une loi que pour les miens, je ne suis pas une loi pour tout le monde. Mais celui qui est des miens doit avoir des os vigoureux et des jambes légères https://nietzsche.love/anthologie/fr/0012 <span class="field field--name-title field--type-string field--label-hidden">Nietzsche | Je ne suis une loi que pour les miens, je ne suis pas une loi pour tout le monde. Mais celui qui est des miens doit avoir des os vigoureux et des jambes légères</span> <span class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/user/1" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">nietzschelove</span></span> <span class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">Sat, 08/14/2021 - 08:42</span> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-lientraductiontexte field--type-text field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center">Traduction française par Henri Albert</p> <p class="text-align-center"><a href="#texteallemand">Texte allemand</a> | <a href="#sources">Sources</a></p> <p class="text-align-center">*</p></div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/73">Nous allons donc bientôt faire un bon repas</a>. Mais celui qui veut manger avec nous doit aussi mettre la main à la besogne et les rois eux aussi. Car, chez Zarathoustra, un roi même peut être cuisinier. »</p> <p class="text-align-justify">Cette proposition était faite selon le coeur de chacun : seul le mendiant volontaire répugnait à la viande, au vin et aux épices.</p> <p class="text-align-justify">« Écoutez-moi donc ce viveur de Zarathoustra ! dit-il en plaisantant : va-t-on dans les cavernes et sur les hautes montagnes pour faire un pareil festin ?</p> <p class="text-align-justify">Maintenant, en vérité, je comprends ce qu’il nous enseigna jadis : « Bénie soit la petite pauvreté ! » Et je comprends aussi pourquoi il veut supprimer les mendiants. »</p> <p class="text-align-justify">« Sois de bonne humeur, répondit Zarathoustra, comme je suis de bonne humeur. Garde tes habitudes, excellent homme ! mâchonne ton grain, bois ton eau, vante ta cuisine, pourvu qu’elle te rende joyeux !</p> <p class="text-align-justify">Je ne suis une loi que pour les miens, je ne suis pas une loi pour tout le monde. Mais celui qui est des miens doit avoir des os vigoureux et des jambes légères, —</p> <p class="text-align-justify">— joyeux pour les guerres et les festins, ni sombre ni rêveur, prêt aux choses les plus difficiles, comme à sa fête, bien portant et sain.</p> <p class="text-align-justify">Ce qu’il y a de meilleur appartient aux miens et à moi, et si on ne nous le donne pas, nous nous en emparons : — la meilleure nourriture, le ciel le plus clair, les pensées les plus fortes, les plus belles femmes ! » —</p> <p class="text-align-justify">Ainsi parlait Zarathoustra ; mais le roi de droite répondit : « C’est singulier, a-t-on jamais entendu des choses aussi judicieuses de la bouche d’un sage ?</p> <p class="text-align-justify">Et en vérité, c’est là pour un sage la chose la plus singulière, d’être avec tout cela intelligent et de ne point être un âne. »</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-texteallemand field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="texteallemand" name="texteallemand"></a>***</p> <p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/de/z/73">Also wollen wir in Kürze</a> eine gute Mahlzeit machen. Wer aber mit essen will, muss auch mit Hand anlegen, auch die Könige. Bei Zarathustra nämlich darf auch ein König Koch sein.“</p> <p class="text-align-justify">Mit diesem Vorschlage war Allen nach dem Herzen geredet: nur dass der freiwillige Bettler sich gegen Fleisch und Wein und Würzen sträubte.</p> <p class="text-align-justify">„Nun hört mir doch diesen Schlemmer Zarathustra! sagte er scherzhaft: geht man dazu in Höhlen und Hoch-Gebirge, dass man solche Mahlzeiten macht?</p> <p class="text-align-justify">Nun freilich verstehe ich, was er einst uns lehrte: „Gelobt sei die kleine Armuth!“ Und warum er die Bettler abschaffen will.“</p> <p class="text-align-justify">„Sei guter Dinge, antwortete ihm Zarathustra, wie ich es bin. Bleibe bei deiner Sitte, du Trefflicher, malme deine Körner, trink dein Wasser, lobe deine Küche: wenn sie dich nur fröhlich macht!</p> <p class="text-align-justify">Ich bin ein Gesetz nur für die Meinen, ich bin kein Gesetz für Alle. Wer aber zu mir gehört, der muss von starken Knochen sein, auch von leichten Füssen, —</p> <p class="text-align-justify">— lustig zu Kriegen und Festen, kein Düsterling, kein Traum-Hans, bereit zum Schwersten wie zu seinem Feste, gesund und heil.</p> <p class="text-align-justify">Das Beste gehört den Meinen und mir; und giebt man’s uns nicht, so nehmen wir’s: — die beste Nahrung, den reinsten Himmel, die stärksten Gedanken, die schönsten Fraun!“ —</p> <p class="text-align-justify">Also sprach Zarathustra; der König zur Rechten aber entgegnete: „Seltsam! Vernahm man je solche kluge Dinge aus dem Munde eines Weisen?</p> <p class="text-align-justify">Und wahrlich, das ist das Seltsamste an einem Weisen, wenn er zu alledem auch noch klug und kein Esel ist.“</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-notesdusite field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="sources" name="sources"></a>***</p> <p class="text-align-center"><strong>SOURCES</strong></p> <p class="text-align-center"><strong>Traduction française</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/73"><em>Ainsi parlait Zarathoustra, 73, La cène</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>Texte allemand</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/de/z/73"><em>Also sprach Zarathustra, 73, Das Abendmahl</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>***</strong></p> </div> <div class="field field--name-field-buchterm field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/buch/2" hreflang="en">Anthologie Nietzsche : Ainsi parlait Zarathoustra</a></div> </div> Sat, 14 Aug 2021 08:42:04 +0000 nietzschelove 403 at https://nietzsche.love Nietzsche | Créer — c’est la grande délivrance de la douleur, et l’allègement de la vie. Mais afin que naisse le créateur, il faut beaucoup de douleurs et de métamorphoses https://nietzsche.love/anthologie/fr/0011 <span class="field field--name-title field--type-string field--label-hidden">Nietzsche | Créer — c’est la grande délivrance de la douleur, et l’allègement de la vie. Mais afin que naisse le créateur, il faut beaucoup de douleurs et de métamorphoses</span> <span class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/user/1" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">nietzschelove</span></span> <span class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">Thu, 08/12/2021 - 09:13</span> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-lientraductiontexte field--type-text field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center">Traduction française par Henri Albert</p> <p class="text-align-center"><a href="#texteallemand">Texte allemand</a> | <a href="#sources">Sources</a></p> <p class="text-align-center">*</p></div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/25">Créer — c’est la grande délivrance de la douleur</a>, et l’allègement de la vie. Mais afin que naisse le créateur, il faut beaucoup de douleurs et de métamorphoses.</p> <p class="text-align-justify">Oui, il faut qu’il y ait dans votre vie beaucoup de morts amères, ô créateurs ! Ainsi vous serez les défenseurs et les justificateurs de tout ce qui est périssable.</p> <p class="text-align-justify">Pour que le créateur soit lui-même l’enfant qui renaît, il faut qu’il ait la volonté de celle qui enfante, avec les douleurs de l’enfantement.</p> <p class="text-align-justify">En vérité, j’ai suivi mon chemin à travers cent âmes, cent berceaux et cent douleurs de l’enfantement. Mainte fois j’ai pris congé, je connais les dernières heures qui brisent le coeur.</p> <p class="text-align-justify">Mais ainsi le veut ma volonté créatrice, ma destinée. Ou bien, pour parler plus franchement : c’est cette destinée que veut ma volonté.</p> <p class="text-align-justify">Tous mes sentiments souffrent en moi et sont prisonniers : mais mon vouloir arrive toujours libérateur et messager de joie.</p> <p class="text-align-justify">« Vouloir » affranchit : c’est là la vraie doctrine de la volonté et de la liberté — c’est ainsi que vous l’enseigne Zarathoustra.</p> <p class="text-align-justify">Ne plus vouloir, et ne plus évaluer, et ne plus créer ! ô que cette grande lassitude reste toujours loin de moi.</p> <p class="text-align-justify">Dans la recherche de la connaissance, ce n’est encore que la joie de la volonté, la joie d’engendrer et de devenir que je sens en moi ; et s’il y a de l’innocence dans ma connaissance, c’est parce qu’il y a en elle de la volonté d’engendrer.</p> <p class="text-align-justify">Cette volonté m’a attiré loin de Dieu et des Dieux ; qu’y aurait-il donc à créer, s’il y avait des Dieux ?</p> <p class="text-align-justify">Mais mon ardente volonté de créer me pousse sans cesse vers les hommes ; ainsi le marteau est poussé vers la pierre.</p> <p class="text-align-justify">Hélas ! ô hommes, une statue sommeille pour moi dans la pierre, la statue de mes statues ! Hélas ! pourquoi faut-il qu’elle dorme dans la pierre la plus affreuse et la plus dure !</p> <p class="text-align-justify">Maintenant mon marteau frappe cruellement contre cette prison. La pierre se morcelle : que m’importe ?</p> <p class="text-align-justify">Je veux achever cette statue : car une ombre m’a visité — la chose la plus silencieuse et la plus légère est venue auprès de moi !</p> <p class="text-align-justify">La beauté du Surhumain m’a visité comme une ombre. Hélas, mes frères ! Que m’importent encore — les Dieux ! —</p> <p class="text-align-justify">Ainsi parlait Zarathoustra.</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-texteallemand field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="texteallemand" name="texteallemand"></a>***</p> <p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/de/z/25">Schaffen — das ist die grosse Erlösung vom Leiden</a>, und des Lebens Leichtwerden. Aber dass der Schaffende sei, dazu selber thut Leid noth und viel Verwandelung.</p> <p class="text-align-justify">Ja, viel bitteres Sterben muss in eurem Leben sein, ihr Schaffenden! Also seid ihr Fürsprecher und Rechtfertiger aller Vergänglichkeit.</p> <p class="text-align-justify">Dass der Schaffende selber das Kind sei, das neu geboren werde, dazu muss er auch die Gebärerin sein wollen und der Schmerz der Gebärerin.</p> <p class="text-align-justify">Wahrlich, durch hundert Seelen gieng ich meinen Weg und durch hundert Wiegen und Geburtswehen. Manchen Abschied nahm ich schon, ich kenne die herzbrechenden letzten Stunden.</p> <p class="text-align-justify">Aber so will’s mein schaffender Wille, mein Schicksal. Oder, dass ich’s euch redlicher sage: solches Schicksal gerade — will mein Wille.</p> <p class="text-align-justify">Alles Fühlende leidet an mir und ist in Gefängnissen: aber mein Wollen kommt mir stets als mein Befreier und Freudebringer.</p> <p class="text-align-justify">Wollen befreit: das ist die wahre Lehre von Wille und Freiheit — so lehrt sie euch Zarathustra.</p> <p class="text-align-justify">Nicht-mehr-wollen und Nicht-mehr-schätzen und Nicht-mehr-schaffen! ach, dass diese grosse Müdigkeit mir stets ferne bleibe!</p> <p class="text-align-justify">Auch im Erkennen fühle ich nur meines Willens Zeuge- und Werde-Lust; und wenn Unschuld in meiner Erkenntniss ist, so geschieht diess, weil Wille zur Zeugung in ihr ist.</p> <p class="text-align-justify">Hinweg von Gott und Göttern lockte mich dieser Wille; was wäre denn zu schaffen, wenn Götter — da wären!</p> <p class="text-align-justify">Aber zum Menschen treibt er mich stets von Neuem, mein inbrünstiger Schaffens-Wille; so treibt’s den Hammer hin zum Steine.</p> <p class="text-align-justify">Ach, ihr Menschen, im Steine schläft mir ein Bild, das Bild meiner Bilder! Ach, dass es im härtesten, hässlichsten Steine schlafen muss!</p> <p class="text-align-justify">Nun wüthet mein Hammer grausam gegen sein Gefängniss. Vom Steine stäuben Stücke: was schiert mich das?</p> <p class="text-align-justify">Vollenden will ich’s: denn ein Schatten kam zu mir — aller Dinge Stillstes und Leichtestes kam einst zu mir!</p> <p class="text-align-justify">Des Übermenschen Schönheit kam zu mir als Schatten. Ach, meine Brüder! Was gehen mich noch — die Götter an! —</p> <p class="text-align-justify">Also sprach Zarathustra.</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-notesdusite field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="sources" name="sources"></a>***</p> <p class="text-align-center"><strong>SOURCES</strong></p> <p class="text-align-center"><strong>Traduction française</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/25"><em>Ainsi parlait Zarathoustra, 25, Sur les îles bienheureuses</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>Texte allemand</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/de/z/25"><em>Also sprach Zarathustra, 25, Auf den glückseligen Inseln</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>***</strong></p> </div> <div class="field field--name-field-buchterm field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/buch/2" hreflang="en">Anthologie Nietzsche : Ainsi parlait Zarathoustra</a></div> </div> Thu, 12 Aug 2021 09:13:12 +0000 nietzschelove 402 at https://nietzsche.love Nietzsche | Je ne pourrais croire qu’à un Dieu qui saurait danser. Et lorsque je vis mon démon, je le trouvai sérieux, grave, profond et solennel : c’était l’esprit de lourdeur https://nietzsche.love/anthologie/fr/0010 <span class="field field--name-title field--type-string field--label-hidden">Nietzsche | Je ne pourrais croire qu’à un Dieu qui saurait danser. Et lorsque je vis mon démon, je le trouvai sérieux, grave, profond et solennel : c’était l’esprit de lourdeur</span> <span class="field field--name-uid field--type-entity-reference field--label-hidden"><span lang="" about="/user/1" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">nietzschelove</span></span> <span class="field field--name-created field--type-created field--label-hidden">Thu, 08/12/2021 - 06:32</span> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-lientraductiontexte field--type-text field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center">Traduction française par Henri Albert</p> <p class="text-align-center"><a href="#texteallemand">Texte allemand</a> | <a href="#sources">Sources</a></p> <p class="text-align-center">*</p></div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field__item"><p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/08">Qui de vous peut</a> en même temps rire et être élevé ?</p> <p class="text-align-justify">Celui qui plane sur les plus hautes montagnes se rit de toutes les tragédies de la scène et de la vie.</p> <p class="text-align-justify">Courageux, insoucieux, moqueur, violent — ainsi nous veut la sagesse : elle est femme et ne peut aimer qu’un guerrier.</p> <p class="text-align-justify">Vous me dites : « La vie est dure à porter. » Mais pourquoi auriez-vous le matin votre fierté et le soir votre soumission ?</p> <p class="text-align-justify">La vie est dure à porter : mais n’ayez donc pas l’air si tendre ! Nous sommes tous des ânes et des ânesses chargés de fardeaux.</p> <p class="text-align-justify">Qu’avons-nous de commun avec le bouton de rose qui tremble puisqu’une goutte de rosée l’oppresse.</p> <p class="text-align-justify">Il est vrai que nous aimons la vie, mais ce n’est pas parce que nous sommes habitués à la vie, mais à l’amour.</p> <p class="text-align-justify">Il y a toujours un peu de folie dans l’amour. Mais il y a toujours un peu de raison dans la folie.</p> <p class="text-align-justify">Et pour moi aussi, pour moi qui suis porté vers la vie, les papillons et les bulles de savon, et tout ce qui leur ressemble parmi les hommes, me semble le mieux connaître le bonheur.</p> <p class="text-align-justify">C’est lorsqu’il voit voltiger ces petites âmes légères et folles, charmantes et mouvantes — que Zarathoustra est tenté de pleurer et de chanter.</p> <p class="text-align-justify">Je ne pourrais croire qu’à un Dieu qui saurait danser.</p> <p class="text-align-justify">Et lorsque je vis mon démon, je le trouvai sérieux, grave, profond et solennel : c’était l’esprit de lourdeur, — c’est par lui que tombent toutes choses.</p> <p class="text-align-justify">Ce n’est pas par la colère, mais par le rire que l’on tue. En avant, tuons l’esprit de lourdeur !</p> <p class="text-align-justify">J’ai appris à marcher : depuis lors, je me laisse courir. J’ai appris à voler, depuis lors je ne veux pas être poussé pour changer de place.</p> <p class="text-align-justify">Maintenant je suis léger, maintenant je vole, maintenant je me vois au-dessous de moi, maintenant un dieu danse en moi.</p> <p class="text-align-justify">Ainsi parlait Zarathoustra.</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-texteallemand field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="texteallemand" name="texteallemand"></a>***</p> <p class="text-align-justify"><a href="https://nietzsche.love/de/z/08">Wer von euch kann zugleich</a> lachen und erhoben sein?</p> <p class="text-align-justify">Wer auf den höchsten Bergen steigt, der lacht über alle Trauer-Spiele und Trauer-Ernste.</p> <p class="text-align-justify">Muthig, unbekümmert, spöttisch, gewaltthätig — so will uns die Weisheit: sie ist ein Weib und liebt immer nur einen Kriegsmann.</p> <p class="text-align-justify">Ihr sagt mir: „das Leben ist schwer zu tragen.“ Aber wozu hättet ihr Vormittags euren Stolz und Abends eure Ergebung?</p> <p class="text-align-justify">Das Leben ist schwer zu tragen: aber so thut mir doch nicht so zärtlich! Wir sind allesammt hübsche lastbare Esel und Eselinnen.</p> <p class="text-align-justify">Was haben wir gemein mit der Rosenknospe, welche zittert, weil ihr ein Tropfen Thau auf dem Leibe liegt?</p> <p class="text-align-justify">Es ist wahr: wir lieben das Leben, nicht, weil wir an’s Leben, sondern weil wir an’s Lieben gewöhnt sind.</p> <p class="text-align-justify">Es ist immer etwas Wahnsinn in der Liebe. Es ist aber immer auch etwas Vernunft im Wahnsinn.</p> <p class="text-align-justify">Und auch mir, der ich dem Leben gut bin, scheinen Schmetterlinge und Seifenblasen und was ihrer Art unter Menschen ist, am meisten vom Glücke zu wissen.</p> <p class="text-align-justify">Diese leichten thörichten zierlichen beweglichen Seelchen flattern zu sehen — das verführt Zarathustra zu Thränen und Liedern.</p> <p class="text-align-justify">Ich würde nur an einen Gott glauben, der zu tanzen verstünde.</p> <p class="text-align-justify">Und als ich meinen Teufel sah, da fand ich ihn ernst, gründlich, tief, feierlich: es war der Geist der Schwere, — durch ihn fallen alle Dinge.</p> <p class="text-align-justify">Nicht durch Zorn, sondern durch Lachen tödtet man. Auf, lasst uns den Geist der Schwere tödten!</p> <p class="text-align-justify">Ich habe gehen gelernt: seitdem lasse ich mich laufen. Ich habe fliegen gelernt: seitdem will ich nicht erst gestossen sein, um von der Stelle zu kommen.</p> <p class="text-align-justify">Jetzt bin ich leicht, jetzt fliege ich, jetzt sehe ich mich unter mir, jetzt tanzt ein Gott durch mich.</p> <p class="text-align-justify">Also sprach Zarathustra.</p> </div> <div class="clearfix text-formatted field field--name-field-notesdusite field--type-text-long field--label-hidden field__item"><p class="text-align-center"><a id="sources" name="sources"></a>***</p> <p class="text-align-center"><strong>SOURCES</strong></p> <p class="text-align-center"><strong>Traduction française</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/fr/z/08"><em>Ainsi parlait Zarathoustra, 08, Lire et écrire</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>Texte allemand</strong></p> <p class="text-align-center"><a href="https://nietzsche.love/de/z/08"><em>Also sprach Zarathustra, 08, Vom Lesen und Schreiben</em></a></p> <p class="text-align-center"><strong>***</strong></p> </div> <div class="field field--name-field-buchterm field--type-entity-reference field--label-hidden field__items"> <div class="field__item"><a href="/buch/2" hreflang="en">Anthologie Nietzsche : Ainsi parlait Zarathoustra</a></div> </div> Thu, 12 Aug 2021 06:32:38 +0000 nietzschelove 399 at https://nietzsche.love